Mil et une la suite – sujet 91 –


Miletune

Au-delà d’une clairière boisée, le soleil dardait ses rayons sur une barrière en bois perchoir privilégié d’un moineau malicieux, ses petites pattes agrippant chaque latte avec une assurance presque arrogante.

Un corbeau, perché non loin, avait du mal à se remettre d’un sale tour qu’un renard venait de lui jouer. Il était vexé comme un pou, dépouillé d’une proie de choix. Intrigué par la posture du moineau, il décida de s’approcher, espérant peut-être trouver une opportunité de se divertir.

  • « Bonjour, cher moineau, » dit le corbeau d’une voix grave et riche en malice. « Que fais-tu là-haut sur cette barrière, si loin du sol ; tu gobes les mouches ? »

Le moineau répondit avec un sourire espiègle :

  •  « Oh, cher corbeau, je me délecte de la vue splendide depuis mon perchoir. Voyez-vous, chaque latte de cette barrière est comme un trône pour moi, offrant une perspective unique sur le monde qui m’entoure. »

Le corbeau, un peu surpris par la réponse du moineau, ne put s’empêcher de rire.

  • « Mais enfin, cher moineau, te sens-tu vraiment comme un roi là-haut ? N’oublie pas que tu n’es un tout petit moineau qu’une simple pichenette ferait tomber.  Le moineau grinça du bec avec nonchalance.
  • « Ah, mais cher corbeau, la taille n’est pas tout ! C’est l’attitude qui compte. Regardez-vous, tout majestueux sur votre branche. On pourrait croire que vous êtes le roi des cieux, mais je sais bien que vous n’êtes qu’un simple corbeau. Mon pauvre ami, j’ai tout vu, gros ou pas, le goupil t’a berné et franchement je kiffe encore le tableau.

Le corbeau, amusé par l’audace du moineau, décida de jouer le jeu.

  • « Peut-être as-tu raison, cher moineau. Peut-être que la grandeur réside dans l’attitude plutôt que dans la taille. Mais n’oublie pas, même le plus petit des oiseaux peut être victime de sa propre vanité. »

Juste à ce moment, le renard émergea des buissons avoisinants, le fameux fromage dans sa gueule..  Il observa la scène avec un sourire en coin.

  • « Ah, mes amis, que vois-je ici ? » dit le renard d’une voix mielleuse.  Mon beau phénix des bois qui se prend pour un roi et un moineau rieur qui se pavane. Mais dites-moi, cher corbeau, vous n’avez pas eu le temps de goûter au délicieux du fromage  » ? Venez donc je suis d’humeur à partager !

Le renard sourit de plus belle. 

  • « Oui venez, vous êtes un oiseau si noble, si majestueux, que vous méritez bien ce délice. »

Le corbeau, flatté encore une fois par les paroles du renard, fit un vol plané, ouvrit son bec pour croquer le morceau de fromage. Le renard lâcha immédiatement le fromage et s’empara du corbeau.

Le moineau, observant la scène depuis sa barrière, ne put s’empêcher de pouffer de rire. « Ah, cher corbeau, » dit-il en secouant la tête, « la vanité peut parfois nous jouer de vilains tours. »


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